Les processus psychiques chez l'enfant en fin de vie

Lorsque l’enfant sait qu’il va mourir, un processus psychique se met en route ; c'est ce qu'examine cet article qui propose le concept de "bulle".

Gauvain-Piquard A. (2006). Les processus psychiques chez l'enfant en fin de vie. La bulle. Laennec, 1, 54, 17-31.

L’autrice rappelle tout d’abord que cohabitent chez l’enfant et ses proches 2 mondes : "celui où on sait" et "celui où on ne sait pas", non sous la forme d’un clivage mais plutôt d’un aménagement souple permettant de s’adapter à l'approche de la mort tout en continuant à vivre.

Pour l’enfant, lorsque la maladie impose "un rétrécissement du champ de l’expérience", un processus adaptatif se produit, qui conduit à un désinvestissement du faire – renoncement aux activités, besoin de repos – et à l’intensification de l’investissement de l’être par la relation.
L’autrice utilise l’image de la bulle comme espace où se déroule de travail de trépas (de M’Uzan, 1977) puis celui de séparation. L’enfant obtient d’une personne de son choix une présence quasi-permanente, dédiée à ses besoins. En parallèle les autres relations sont désinvesties.
Autour de l’enfant et de l'accompagnant·e se crée une "bulle", un lieu aconflictuel, à la temporalité propre. La bulle est une modalité de dissolution du lien à son propre corps par l’enfant ; il reste vivant dans la relation à l’autre, malgré la défaillance du corps.

Entrer dans la bulle nécessite une forme de disponibilité intérieure, une "a-personnalisation", un accordage à l’enfant. Il peut arriver que certains soient rétifs à la formation de la bulle, par peur d’être entraîné·es par le mourant, par difficulté d’identification à l’autre…
Pour l’entourage extérieur à la bulle, il faut supporter de ne pas y être inclus. Et pour l’accompagnant·e, il est nécessaire d’en sortir de temps en temps pour rester en lien avec les autres.
Au sein de la bulle se fait aussi le travail de séparation, les questions de l’enfant peuvent y émerger comme "où je vais, qui va m’accueillir ?", "pourquoi dois-je partir ?", "comment mes parents vont faire sans moi ?", "est-ce que je vais laisser une trace ?"…

Pour les parents, qui peuvent avoir peur de penser la mort par peur de la provoquer, il s’agit d’apprivoiser les représentations concrètes du décès. Cela suppose également d’impliquer l’entourage, la fratrie, les grands-parents… pour franchir « le mur opaque de la mort ».