Kane, H. (2007). Le contrôle des comportements de l'enfant lors de soins potentiellement douloureux : l'éducatif au détour des gestes médicaux, in D. Cohen-Salmon, Le jeune enfant, ses professionnels et la douleur, 65-77
L’article examine la représentation et la gestion de la douleur lors des soins courants en pédiatrie. Jusqu’à la moitié du 20e siècle, on ne donne pas d’antalgiques aux enfants lors des soins, même invasifs. Le nourrisson est pensé comme ne ressentant pas la douleur en raison de son système nerveux immature (ce qui est absolument faux) et l’enfant comme devant s’endurcir.
Aujourd’hui les soignant·es rejettent l'idée que la douleur a une valeur rédemptrice ou éducative. Pour autant, les pratiques montrent qu’il persiste un embarras vis-à-vis de la douleur liée au soin et une tentation d’évacuer la question de la plainte. Ainsi, on cherche surtout à contrôler le comportement des enfants face à la douleur. Cela a pour fonction immédiate d’empêcher des mouvements qui pourraient entraver la réalisation du soin ou blesser l’enfant, mais pas seulement.
On cherche à orienter l’expérience de l’enfant par 3 biais :
1. diversion
2. minimisation
3. compensation
1. détourner le regard, stimuler tactilement ailleurs…
2. euphémisation de la douleur, tentatives d’inhiber les pleurs…
3. récompense promise en amont du soin
La rhétorique de l’épreuve domine : l’enfant doit surmonter la douleur. La valorisation de l'enfant vaillant·es face aux soins peut l'inciter à supporter silencieusement la douleur. On se concentre sur l'inhibition de son expression et pas sur les variations de ressentis. L’enfant sortant triomphant·e de l’épreuve confère un confort relationnel et identitaire aux adultes (parents, soignant·es). Éls ne se perçoivent pas comme agresseurs ou bourreaux mais initiateurs ou éducateurs.